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L'histoire et les traversées du Mandragore 1

JEUDI 17 MAI - 11h
Mandragore-Annexe
Départ par 11° 40' S - 31° 52' W
Destination La Côte à 300 milles


Pas trop de vent, à la dérive sur l'ancre flottante, le capitaine veut réfléchir et n'a plus envie de travailler pour aujourd'hui !!

16h - Je m'attaque tout de même à la pose du mat de 2m50 et j'accroche au sommet le pantalon de ciré qui brille bien au soleil.
19h - Cargo en vue ! Mais il ne me voit pas.
23h - Dodo dans le duvet humide.

 
annexe

VENDREDI 18
Pluie, vent force 5-6, mer formée..... je reste calfeutré sous la tente du canot, à tenter de boucher tous les endroits par où entre l'eau ; cette tente n'est pas trop au point !
15h - Un cargo à l'horizon.
22h - Et un autre !

SAMEDI 19
Calme plat. J'en profite pour faire tout sécher et je me mets à la préparation de la voile.
14h - Tout est prêt mais guère de vent.
16h - En route à 1,5 nœud, ce n'est pas si mal.
24h - Pluie, dodo humide.

DIMANCHE 20
Un cargo à l'horizon au réveil.
Et encore d'inutiles signaux ; mais j'ai à peu près une semaine de bouffe (rationnée !!) et de l'eau pour un mois, y'a pas de raisons de s'inquiéter !!!
10h - En route à 1,5 - 2 nœuds, c'est tout bon.
18h - Un cargo de chaque côté !! Je ne sais plus de quel côté faire mes signes... en vain, bien sûr !
22h - Et toujours à dormir dans une flaque d'eau. Je commence à avoir la peau des fesses et des avant-bras plus qu'irritée.

LUNDI 21
Je navigue un peu entre les grains, fréquents et parfois violents.
Encore vu 2 cargos aujourd'hui, mais assez loin.

MARDI 22
La nuit fut dure.... une avalanche d'eau m'a envahit à trois reprises et j'ai fini la nuit dans 5 cm d'eau. Et j'en découvre ce matin la raison, l'ancre flottante a disparu, son câblot est comme déchiqueté ! .... Dorade ? Requin ?
En tout cas, j'ai passé la nuit travers aux vagues. Moi qui l'évitai à tout prix, craignant d'être retourné... et je ne me suis aperçu de rien à l'intérieur ! Allons, y'a plus guère à s'angoisser, ce petit canot est parfait.

MERCREDI 23
Reperdu cette nuit la nouvelle ancre flottante bricolée avec un sac de nylon... ça devient pénible !
Pas mal de vent et je trace allègrement malgré quelques sévères douches.
Aucun cargo aujourd'hui ; pas bien grave puisque de toute façon ils sont tous myopes !

JEUDI 24
Réveillé tôt et aussitôt en route. Bon vent, mer pas trop formée, je trace 2 bons nœuds.
12h - J'aperçois à l'horizon ce qui pourrait bien être une plate-forme de forage.
Et en m'en approchant, je distingue nettement quelques bateaux évoluant autour.

Super ! Je me vois déjà devant une bonne bière dans les heures qui suivent !
Mais personne ne daigne me prêter attention et le vent m'écarte doucement.
De dépit, j'abats nettement, sans insister plus, et met le cap sur les 4 autres plates-formes que j'aperçois maintenant plus loin.
Et voilà qu'un petit trait foncé aparaît sur l'horizon ! ......
......La terre ! ...Déjà !!
Je fonce droit dessus, avec tout de même une petite trace d'angoisse ; la terre, oui, mais laquelle, belle plage ou récifs malsains ?

Nuit

A la tombée de la nuit, je passe à côté d'un petit chalutier dont l'équipage s'active à remonter un filet. Il roule tellement que je n'envisage même pas de l'aborder. Je me contente de demander à leurs occupants ébahis où je suis et à combien de milles de la côte... Aracaju, me disent-ils en pointant du doigt un halo lumineux ; quant à la distance, leur "très loin" ne m'apprend pas grand chose !!
Ils doivent me prendre pour un fou, si loin de la côte sur mon petit canot, mais sûrement pas pour un naufragé !!
En tout cas, je suis rassuré, la côte par ici n'est qu'une longue plage et l'atterrissage ne devrait pas être très périlleux.
Ce sera sans doute pour demain car il fait maintenant nuit. Je mets à la cape et me goinfre d'une double part de feijoada (plus de raisons de rationner !) tout en admirant les lumières de la côte.

Aracaju

VENDREDI 25 MAI
8ème jour en canot et 46ème jour depuis Rio.
Cette fois, j'y suis !!!
J'aperçois distinctement l'embouchure du fleuve menant à Aracaju... mais aussi la barre d'entrée !!
Impossible de voir la passe, je suis trop bas sur l'eau. Tant pis, on y va !
Evidemment, j'atterris à 50m de la passe et il est trop tard pour changer de direction. La première vague me soulève et m'envoie au bain en chavirant le canot. Et c'est assis sur le fond du canot retourné que j'aborde la plage, face à deux brésiliennes tout juste intriguées... je n'ai apparemment toujours pas l'air d'un naufragé !
barre passera? à l'envers
Quelques explications plus tard, elles m'aident à porter tout mon matériel à la petite buvette de la plage qui se fera un plaisir de le garder.
Le container de vêtements est intact et c'est changé et (presque) propre qu'elles m'emmènent à vélo frapper à la porte de la caserne de la Marine Brésilienne.

L'accueil est bien sûr chaleureux, nous sommes au Brésil, et ils sont même désolés de ne pouvoir m'offrir plus que le gîte, la caserne étant trop petite pour disposer d'une cantine.


EPILOGUE :

J'avais quitté Rio sans faire viser mon passeport et, malgré la gentillesse et la compréhension du chef de la police locale, mes 46 jours de mer sont devenus 46 jours de séjour illégal au Brésil. Il a donc dû me signifier mon expulsion du pays sous 8 jours. Après mes dernières petites aventures, il en aurait fallu davantage pour altérer ma bonne humeur et c'est très serein que je pris congé de mes nouveaux amis pour rallier Rio en avion.

Retour au Clube de Regatas Guanabara.
Et après intervention de la présidence du club puis du président de la Fédération Brésilienne de Voile, c'est avec beaucoup d'égards que je fus reçu par le chef de la police des frontières de Rio.
Tout se régla bien sûr au mieux et je pus rester là encore un mois et demi avant de prendre un avion pour la France.

Fin de l'aventure.

end

LES QUELQUES ENSEIGNEMENTS
D'UN NAUFRAGE


LE BATEAU

L'insubmersibilité du bateau était assurée par une cloison étanche avant, un volume gonflable et des blocs de mousse polyuréthane sur l'arrière.
Malgré la destruction de la cloison avant, le reste a rempli son rôle en empêchant le bateau de couler immédiatement après le choc, facilitant l'organisation de son évacuation, mais était insuffisant pour lui permettre de continuer à faire route et donc de le sauver.

Une telle insubmersibilité ne peut être réellement efficace qu'en multipliant les compartiments étanches et en ne dépendant pas d'un seul.
 


LA SURVIE

Je disposais d'une survie de 3ème catégorie qui pouvait également servir d'annexe (aujourd'hui interdite) et qui, avec son plancher et son tableau arrière, se prêtait particulièrement bien à une transformation en survie "dynamique". Il ne lui manquait que des dérives pour remonter un peu au vent et être parfaite ; j'aurais ainsi pu éviter la barre d'entrée d'Aracaju et remonter le fleuve pour venir m'amarrer au ponton du Yacht Club !

Je n'ose imaginer ce que je serai devenu si j'avais eu à bord le très réglementaire radeau de 1ère catégorie qui ne permet que d'attendre sur place ! Mais le Mandragore, homologué en 3ème catégorie, était déjà "hors la loi" si loin des côtes et j'ai donc pu choisir à ma guise.

Il est évident que mon prochain bateau sera équipé de ce radeau réglementaire pour être..... en règle ! Mais son rôle ne sera que "décoratif" et notre sécurité sera placée dans une embarcation plus "sérieuse" et efficace.
 


LE MATERIEL

J'ai eu la chance de pouvoir préparer ma "survie" (en fait juste une nouvelle navigation un peu moins confortable) dans une certaine quiétude.
La faible contenance de mon réservoir d'eau m'obligeait à avoir en permanence des jerrycans d'eau, ce qui me semble indispensable. Et l'humidité quasi permanente sur un si petit bateau m'avait aussi obligé à enfermer beaucoup de choses dans des containers étanches, ce qui m'a bien simplifié les choses.
En fait, en croisière hauturière sur un 6m50, on est déjà un peu en position de survie et tout est prêt, il n'y a plus qu'à transvaser dans l'annexe.
 


Mais plus que la meilleure des préparations, il faut pouvoir compter sur sa chance, et je crois avoir été particulièrement gâté !!
 
 
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