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L'histoire et les traversées du Mandragore 1

Le Clube de Regatas Guanabara

Rio de Janeiro
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Le 9 avril 1984 drapeau brésilien


Le départ est prévu à 14h.
Destination : Capetown, Afrique du Sud.

Je hisse les voiles et largue le corps mort devant le club, suivi de près par la vedette qui doit photographier le départ.

Au revoir Guanabara.

A 18h, je passe la barra d'Urca et le petit vent tranquille de la baie se transforme en un bon force 6 en pleine face.
21h. Passé Redonda, cette fois c'est vraiment parti, dans une mer hachée, vent de SE 5 à 6.
Il est temps de préparer le dîner.

 

Appareillage en baie de Botafogo
Le départ de Rio de Janeiro

 

 

Le départ en baie de Guanabara.

 

 

MARDI 10 AVRIL
Le vent est toujours aussi fort, ciel bouché.
Ca commence dur dès les premiers jours et ça promet pour plus au sud.
Le bateau est déjà un vrai foutoir.

MERCREDI 11
Le vent est passé à force 7, cap au sud.
Ca avance doucement, ça secoue beaucoup, mais il faut bien se réaccoutumer !

JEUDI 12
Vent 5 à 6, la mer est plus calme mais le ciel est toujours aussi bouché et je n'ai pas pu faire de point depuis le départ.

VENDREDI 13
Du soleil aujourd'hui, et j'ai pu sortir le sextant et faire un point complet.
29°32'S - 42°30'W
405 milles en 4 jours, ça a marché très fort et le courant m'a certainement également aidé.
Mais il serait temps que le vent tourne un peu, que je puisse mettre un peu d'Est dans mon Sud !

SAMEDI 14 AVRIL
Le vent a une nouvelle fois forci cette nuit.
Il a un peu tourné aussi et au bon plein, le Mandragore taille allègrement sa route, rebondissant sur les vagues dans un nuage d'écume.
J'ai du mal à quitter le cockpit, malgré les douches permanentes, tant le spectacle du bateau marchant si fort est réjouissant.
30°57' S - 42°12' W

DIMANCHE 15
Le vent continue à tourner en forcissant légèrement, et je pense que je ne vais plus tarder à rencontrer les vents d'ouest. Et il serait temps, je ne fais tout de même pas route vers la Georgie du sud !
32°31' S - 41°23' W

LUNDI 16
Le vent refuse encore, bien sûr !
Je vire de bord, je suis déjà bien trop au Sud, presque à la latitude de Capetown.
32°37' S - 40°12' W
Près de 700 milles depuis le départ.

MARDI 17
Le vent a plutôt forci, et au bon plein la vitesse baisse sérieusement.
32°18' S - 38°54' W
Seulement 2,6 nœuds de moyenne ces dernières 24h.

MERCREDI 18
J'abats un peu pour améliorer la vitesse.
31°594 S - 37°32' W

JEUDI 19
La brise a bien faibli, plus que force 3 ou 4, ça repose un peu !!
31°42' S - 36°30' W

En route vers l'Atlantique Sud

Moment de répit dans
l'Atlantique Sud

 

 

 

VENDREDI 20 AVRIL - 11ème jour.
C'est reparti dans la nuit, et il semblerait y avoir deux houles croisées, bizarre...
15h -plus de vent, ou presque.
18h- il a tourné au NE et souffle à fond la caisse.
30°54' S - 34°57' W

SAMEDI 21
Eh bien, avec ce vent de NE, c'est reparti vers le sud.
La mer commence à être très formée et je ne quitte plus guère mon blouson fourré.
32°08' S - 33°44' W
1069 milles depuis le départ.

DIMANCHE 22
Passé à l'ESE dans la nuit en faiblissant à force 5.
Je fais maintenant cap plein sud.
33°20' S - 33°34' W

LUNDI 23
Le vent tournant au SE, je me décide à virer de bord.
32°56' S - 33" W

MARDI 24
Vent de SW, enfin !
Force 5-6, la mer commence à se former sérieusement.
Elle est superbe et j'ai du mal à m'arracher à sa contemplation, à quitter le cockpit.
Je pressens que la partie sérieuse de l'affaire commence aujourd'hui ! Mais tout est paré à bord.
33°21' S - 31°23' W
Vers 17h les crêtes déferlent mais les vagues restent longues. Au grand largue, avec seulement 3 panneaux de voile, le Mandragore donne tout ce qu'il peut.
Mais sa tendance à lofer est incontrôlable et m'inquiète un peu.

MERCREDI 25
Surprise ce matin au réveil, là c'est le coup de vent, un bon force 7, peut-être plus. Ca déferle sérieusement. Je réduis à 2 panneaux et je réintègre l'intérieur, verrouillant le panneau de descente derrière moi.
13h - Je suis assis sur la couchette occupé à lire lorsque je sens le bateau partir vers tribord, puis un grondement sinistre ébranle toute la coque, et je suis projeté de l'autre côté de la couchette ; le bateau s'est couché à 90°.
14h - La méridienne confirme le point de ce matin et me donne des frayeurs : je descends encore beaucoup trop vers le Sud.
33°51' S - 29°21' W
16h -Le bateau s'est couché de nouveau dans un bruit d'enfer. Je m'installe sous la bulle pour aider le pilote.
Mais rien à faire, arc-bouté sur la barre, je ne peux empêcher ce foutu bateau de partir au lof dès qu'une vague le bouscule un peu ! Je laisse faire le pilote, tremblant un peu pour lui ; mais je n'ose guère me risquer dehors, la mer est devenue vraiment grosse et les mouvements du bateau sont insensés.

JEUDI 26
Couché deux nouvelles fois cette nuit, et ce matin il y a 15cm d'eau dans les fonds ! D'où vient-elle ? Merde !!
Je commence à prendre l'habitude des mouvements du bateau et je les ressens moins violemment.
Je réduis à 1 panneau, mais je n'ose pas aller sur l'avant pour envoyer le tourmentin.
J'ai froid et je mange froid, trop dangereux d'utiliser le gaz.
Je ne ferai pas de point aujourd'hui, inutile de mettre le nez dehors pour si peu !

VENDREDI 27
Je crois que la température a encore baissé, il ne doit pas faire plus de 7 ou 8° à l'intérieur de la cabine.
10h - Le bambou juste sous la vergue s'est brisé au point d'écoute... j'en suis bien désolé mais je ne peux pas grand chose, ce n'est pas le moment d'aller bricoler sur le pont.
Je me ronge, il ne faudrait pas descendre trop au sud, il serait bon d'empanner, mais avec ce vent, je crains de tout casser (sans aucun doute plus de 8 aujourd'hui).
J'ai tout de même réussi à faire un point approximatif.
34°40' S - 25° 10' W... 236 milles en 48h ! Ca console du froid et de l'inconfort.
20h - Encore couché ! Cette fois, je me résous à sortir et à tout affaler pour la nuit. Le bateau semble même mieux tenir son cap.
Après avoir ingurgité une horrible feijoada froide et admiré sous la bulle le sublime spectacle du scintillement des crêtes, je vais m'allonger pour essayer de dormir.

SAMEDI 28
Je n'ai guère dormi cette nuit, les mouvements du bateau étaient plus brusques que jamais et des paquets de flotte ne cessaient de s'abattre dans le cockpit en ébranlant tout le bateau.
Mais lorsque le jour a enfin dévoilé le spectacle, je suis resté effaré !! La hauteur des vagues me parait démesurée, je n'aurais jamais dû descendre tant dans le sud !
16h - Celle là, je l'ai entendu arriver avant qu'elle n'atteigne ce pauvre petit jouet de Mandragore ; le plafond de la cabine s'est brusquement précipité sur mon crâne qui l'a reçu avec douleur. Et ce fut le noir. Je suis resté quelques secondes étourdi, ébahi, n'osant bouger. Mais l'eau glacée qui me coule sur le corps me fait vite sortir de ma torpeur.

Le MANDRAGORE est à l'envers et il est en train de couler !

Je n'aurais pas donné un cruzeiro de ma peau à ce moment là et, immobile, impuissant, paralysé par le froid, je ne sens que la lente progression de l'eau.
Et puis il a lentement basculé, avec une douceur surprenante en comparaison de l'effroyable choc qui l'a envoyé au tapis.
Passé la surprise, je suis envahi par un profond découragement. L'eau dépasse le niveau de la couchette et le bateau est loin d'être sauvé.
Rapide coup d'oeil dans la bulle, le mat est bien en place ; des lambeaux de voile apparaissent au milieu de bambous cassés ; le foc vole sous le vent, arraché de ses attaches.
Et chose plus grave, la tête du régulateur d'allures n'existe plus... rasée ! Il ne reste que la base graduée. J'ai été bien inspiré d'en acquérir une de rechange !

Le bateau est livré à lui-même, travers aux lames et à moitié rempli d'eau ; une situation peu enviable !!
Pendant 2 heures, je m'acharne avec le seau, et la vue du niveau baissant me confirme qu'il n'y a pas de voie d'eau.
Le changement de la tête du pilote me prend une bonne heure, et ressemble à un numéro de voltige (sans filet !)... mais pourquoi diable on-t-ils foutu cette foutue vis à l'arrière !!!

La nuit est tombée lorsque le bateau reprend sa route après n'avoir été couché que 2 fois ! Cap NE sous seul tourmentin que j'ai cette fois eu le courage d'aller mettre.

Tout est imbibé d'eau, couchettes, duvets, vêtements et je me remonte le moral à petites gorgées de Catchaça !

DIMANCHE 29
Réveil difficile ce matin. Je tremble de froid.
Mais après m'être péniblement levé, la surprise est agréable : le vent est quasi nul et il ne subsiste qu'une haute et très longue houle... les vacances, quoi !!
Cette mer si dure hier a du avoir des remords de tant maltraiter un si petit bateau.
Je reste de longues heures à ne rien faire, la tête un peu vide, hébété... ai-je rêvé ? Aujourd'hui si calme.

35°02' S - 22°43'W
Vu la route effectuée cette nuit au NE, je devais être hier aux environs de 35°20' S et 23°30' W.

Je mets un peu d'ordre dans le bateau tout en faisant le bilan. Et entre les voiles abîmées, les vêtements trempés, le froid, la saison trop avancée (ah, Rio !!), et le peu d'étanchéité des capots de pont, la décision s'impose : Cap au Nord !!

22h - Une brise de SE m'a tout l'air de s'établir......
Mandragore a une chance insolente !


LUNDI 30 - 21ème jour.
Très mal dormi, je tremble continuellement de froid, mais le bateau file allègrement sous une bonne brise de SE. Cap NNE, mer encore assez grosse.

MARDI 1er MAI
Le vent est passé presque sud.
31°48' S - 23°11' W


 
 
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