MARINE ANCIENNE
Le voyage et le naufrage du vaisseau BATAVIA
En 1629, le BATAVIA, géant des mers pour l'époque, faisait son premier voyage à Java. Construit par la Compagnie hollandaise des Indes orientales en 1628, c'était un lourd vaisseau marchand de 1300 tonnes de déplacement, fortement armé.
Il emmenait à son bord 341 personnes, dont 38 passagers, des femmes et des enfants.
Il emportait également 600 tonnes de cargaison, dont douze coffres de pièces d'argent et des bijoux et cadeaux pour le nabab de l'Inde.
Il partit le 28 octobre de Texel à destination de Batavia (aujourd'hui Jakarta), dans les colonies hollandaises d'Indonésie. Il était accompagné de 7 autres navires de différentes tailles, le BUREN (navire de guerre), le DORDRECHT, le GALIASSE et le S-GRAVENHAGE (bateaux de "retour"), l'ASSENDELFT et le SARDAM (navires marchands) et un petit bateau, le KLEINE DAVID.
- Début du voyage
- Le complot
- Le naufrage
- Jeronimus Cornelisz prend le contrôle
- Deux mois d'horreur
- L'île de Wiebbe Hayes
- L'histoire des traîtres
- La fin des mutins
- Le châtiment
- Liste des mutins
- Bibliographie
Début du voyage
Le voyage est dirigé par un négociant, Francisco Pelsaert, et le capitaine du bateau est Arien Jacobsz. Si le capitaine a la responsabilité du navire, son autorité peut être annulée à tout moment par le négociant. Cette politique de la VOC de nommer un commerçant à la tête de l'expédition n'a pas les faveurs de Jacobsz, qui se sent offensé de prendre ses ordres d'un négociant, d'autant plus que les deux hommes sont de vieux ennemis d'un précédent voyage.
Se trouvent également à bord Lucretia van der Meylen, qui rejoint son mari à Batavia, et sa bonne Zwaantie Hentrix. Jacobsz essayera apparemment de séduire Lucretia mais se fera éconduire. Il a aura plus de succès avec sa bonne Zwaantie.
S'ajoute à ce mélange Jeronimus Cornelisz, troisième homme aux commandes, ancien apothicaire en faillite d'une trentaine d'années, fraîchement embauché par la compagnie. L'homme s'embarquait afin de fuir la justice qui risquait de le poursuivre en raison de ses liens avec le peintre Torrentius, lequel venait d'être arrêté, torturé et condamné pour crimes d'immoralité, de satanisme et d'hérésie.
Sur le navire, la hiérarchie sociale en place sur la terre ferme est reproduite, ce qui signifie avantages et passe-droits pour l'aristocratie (ou ce qui y est assimilé), et conditions de plus en plus misérables à mesure que l'on descend vers le bas de l'échelle sociale. Peu à peu, à bord, les caractères se dévoilent et la partie la plus sombre de l'âme humaine commence à percer : jalousies, rancœurs, ambitions malsaines.
Après six mois de navigation, entre Le Cap et Java, son lieu d'arrivée, le Batavia est une poudrière au bord de l'explosion.
Signe du destin, le voyage du Batavia commence mal : parti pour Java fin octobre 1628, il rencontre dès le deuxième jour un violent coup de vent qui le fait s'échouer sur un banc de sable.
Le mauvais temps divise très tôt le convoi et seuls le BATAVIA, le BUREN et l'ASSENDELFT atteignent le cap de Bonne-Espérance ensemble le 14 avril 1629, où ils relâchent pour faire des provisions. Pendant que Pelsaert est à terre, le capitaine Jacobsz alla d'un navire à l'autre, organisant une beuverie avec Jeronimus Cornelisz, devenu son ami, et sa nouvelle petite amie Zwaantie Hendrix. Jacobsz a fini par se battre à bord du BUREN et des plaintes officielles sont déposées. Le capitaine se fait publiquement passer un savon par Pelsaert, ce qui renforça son animosité à l'égard du négociant.
Le complot
Ce ressentiment et cette animosité sont consciencieusement attisés par Cornelisz. C'est peu après cet événement que Cornelisz aurait suggéré la révolte au capitaine. Avec l'aide de l'équipage, il sera possible de prendre le contrôle du bateau, de tuer les soldats, de jeter Pelsaert par-dessus bord et de prendre tout le trésor. Le BATAVIA pourra alors être employé pour attaquer d'autres bateaux de la VOC avant de se retirer dans un asile sûr aux Indes. L'idée est évidemment attrayante pour l'ego humilié du capitaine.
Le navire transporte divers trésors et est l'un des bateaux les plus fortement armés de son temps. A une époque où les possessions matérielles étaient beaucoup plus importantes que les vies humaines, il eut été probablement facile de convaincre le capitaine.
Grâce à l'éloquence de Cornelisz et à sa force de persuasion, ils élaborent soigneusement les plans d'une mutinerie, à l'aide d'une douzaine de complices à qui ils font miroiter le fabuleux trésor que transporte à son bord le Batavia.
Nous sommes peut-être à 40 jours du débarquement dans les îles d'Indonésie. Le capitaine et Cornelisz ont recruté quelques mutins potentiels parmi les jeunes cadets exaltés et les marins désillusionnés ; ce bateau est en retard et leurs salaires diminuent. Mais il reste une grande partie de l'équipage qui se tiendrait du côté de Pelsaert et de la Compagnie en cas de confrontation. Cornelisz doit retourner les hésitants contre Pelsaert, tâche facilitée par la passivité du négociant.
La révolte en gestation trouvera, en la personne de la belle Lucretia van der Meylen, un prétexte des plus opportun. La vue d'une telle femme est une tentation bien normale, mais dans ces circonstances, sa beauté la met surtout en danger.
Et Cornelisz a pu observer les regards admiratifs de Pelsaert envers la jeune femme. Si quelqu'un la violait, il ferait sûrement fouetter les supposés coupables.
Cornelisz et Pelsaert s'arrangent pour que Lucretia se fasse agresser dans des circonstances bien calculées. Les agresseurs s'arrêtent avant le viol, mais ils l'ont déshabillée et ont enduit ses organes génitaux de goudron et d'excréments, dans une parodie de bizutage de marin novice.
Près de deux jours passent, pendant lesquels la malheureuse reste enfermée dans sa cabine, inconsolable.
Une demi-douzaine d'hommes a peut-être participé à cette nuit écœurante. Lucretia dit à Pelsaert qu'elle ne peut en identifier qu'un seul avec certitude, par sa voix : Jan Evertz, le maître d'équipage.
Le négociant ne suspecte pas encore Cornelisz, et se fit même à lui. Le dégoût et la colère de Pelsaert semblent assez faibles, et Jeronimus les attise autant qu'il le peut. Mais son supérieur est un lâche et ne fait rien. La justice peut attendre, et Evertz sera pendu dès qu'ils apercevront la terre.
Le temps passe au rythme monotone de la mer. Les mutins hésitent et tergiversent toujours quant à leur prochain mouvement. Pelsaert ne s'était pas rendu compte qu'une tentative de punir Evertz devait être le signal du début de la révolte.
Depuis que la mutinerie impliquait le capitaine, Cornelius, un caporal lancier, certains de ses soldats et de ses cadets, elle aurait certainement réussie.
Le naufrage du navire sur des récifs de corail, dans la nuit du 3 au 4 juin 1629, à la suite d'une erreur de navigation, ne leur laisse cependant pas le temps de mener à bien leur plan.
Le naufrage
Le matin du 4 juin 1629, 2 heures avant l'aube, le Batavia est à 60 milles au large de la côte de ce qui un jour sera l'Australie occidentale. Mais à cette époque, les moyens de navigation à leur disposition, peu précis pour le calcul de la longitude, les situaient à 500 milles à l'ouest de l'Abrolhos. Pelsaert regrettera amèrement son erreur.
Avec une meilleure lumière, la vague déferlante bordant les récifs traîtres de l'Houtman Abrolhos aurait été évidente pour un observateur attentif, mais dans l'obscurité, l'officier de quart prend la ligne blanche qu'on lui signale à l'horizon pour un reflet du clair de lune.
Le Batavia s'échoue en labourant le corail, toutes voiles dehors, sur le Houtman Abrolhos (28° 30' S, 113° 47' E, aujourd'hui les récifs de Wallabi), un groupe d'îlots de corail situé à 61 milles à l'ouest de Geraldton, au large du continent australien. C'est une barrière impénétrable presque cachée aux bateaux, seuls quelques pieds de l'atoll de corail étant visibles à marée haute. Le port de Batavia (aujourd'hui Jakarta) se situe 1500 milles au nord.
La coque de bon chêne hollandais résiste à l'impact, mais le bateau est monté sur le corail. La marée haute redescend maintenant et laisse la coque en porte-à-faux sur les récifs. Peu après l'aube, Jacobsz et Pelsaert doivent constater la perte définitive de leur bateau. Mais l'intégrité de sa structure semble pouvoir résister des jours, plus que des heures, et leur offrir au moins la chance d'une récupération en bon ordre des provisions.
C'est la fin tragique du premier voyage du Batavia.
Dans le milieu de la matinée, six heures après l'impact, Jacobsz et deux hommes d'équipage retournent le long du récif dans le canot du Batavia. Le rapport du capitaine redonne une lueur d'espoir, car il y a une brèche navigable dans le récif de quelques centaines de yards, et une petite île plus loin sur laquelle se trouvent des retenues d'eau de pluie au-dessus du niveau des marées. A un demi mille, un deuxième et plus grand affleurement casse la vague déferlante. A l'horizon, au nord-ouest, on peut voir d'autres îles.
Pelsaert commence maintenant à diriger l'opération de déchargement. Il porte les espoirs de beaucoup de personnes effrayées ainsi que le devoir de protéger et livrer l'argent de la compagnie. Au cours des deux jours suivants, il fait la navette entre l'épave et la plus grande île, par l'intermédiaire de la première petite île, y transportant les survivants, et récupère la plupart des tonneaux et provisions du navire condamné. L'exercice devient cependant dangereux. Il y a maintenant presque 200 personnes sur l'île, et quelques 70 hommes sur le bateau. La majorité de ceux-ci sont des marins chevronnés, qui à ce moment sont ivres, insouciants et violents. L'autre groupe commence à souffrir de la soif et à prendre conscience de leur situation difficile.
Pelsaert, le capitaine Jacobsz et 46 autres (pour la plupart des marins) et la majeure partie de la nourriture et de l'eau ont été débarqués sur la petite île. Pelsaert et Jacobsz savent qu'ils sont dans une situation tragique.
Les nerfs de Pelsaert lâchent. Il donne l'instruction de préparer les grandes chaloupes pour un voyage océanique. Java est à 1500 milles au nord, et le négociant se justifie en concluant que les autres ne peuvent être sauvés que par son départ.
Le matin du 7 juin, les 48 hommes quittent l'île à bord des deux bateaux, un sloop et un yawl.
Ils laissent une note pour les autres survivants qui se sentent si trahis par cet abandon qu'ils appellent la petite île Traitor's Island (l'île du traître), un nom qu'elle porte encore aujourd'hui.
Ils appellent la terre plus grande mais tout aussi déserte sur laquelle ils se trouvent Batavia's Graveyard (le cimetière du Batavia). Ils ne peuvent pas encore savoir à quel point ce nom s'avérera être approprié.
Les survivants sur Batavia's Graveyard sont dans une situation désespérée et certains sont morts de soif durant la première semaine, avant que la pluie ne permette de compléter le niveau des approvisionnements en eau. Parmi ces hommes, certains, avec leur expérience de la discipline maritime, jugent nécessaire de prendre le commandement. Sans une rigoureuse direction, les personnes de l'île se battront et gaspilleront l'eau si précieuse. Pieter Jansz, et le chirurgien, Frans Jansz forment un conseil, et choisissent également le pasteur, Gijsbert Bastiaenz et deux autres. Ces hommes, même peu nombreux, sont robustes et armés ; le pouvoir qu'ils se donnent est essentiel pour la survie.
Si les rescapés du Batavia avaient su s'organiser et exploiter les ressources des deux grandes îles et du lagon, ils auraient pu jouir là d'une paix qui ressemble assez au bonheur. Isolés, destinés à périr sur ces quelques îlots désertiques, on aurait pu imaginer que les survivants se seraient ressoudés dans une sorte d'union sacrée face au malheur.
Mais après avoir résolu les problèmes initiaux de leur survie, ils vont alors jouer un rôle dans le plus horrible conte de mutinerie et de meurtres qui n'ait jamais existé.
Car ils vont avoir à faire à Jeronimus Cornelisz, l'homme de la compagnie le plus gradé parmi les survivants, qui va révéler alors son véritable caractère et s'avérer être un tueur psychotique pourvu d'une troublante capacité à commander les personnalités plus faibles.
Neuf jours après le naufrage, la coque du Batavia lâche soudainement et violemment sous l'impact des vagues. Beaucoup des hommes restés à bord se noient en quelques secondes, pris au piège sous le pont du bateau. La plupart de ceux qui se jettent à la mer sont déchiquetés sur le récif. Une vingtaine d'hommes parvient à rejoindre la terre, mais aucune trace de Jeronimus Cornelisz.
Par un outrageux revers de fortune, le morceau de proue à laquelle il s'était accroché dérive à travers le récif et s'échoue deux jours plus tard dans les eaux peu profondes de l'île Batavia's Graveyard. Jeronimus ne peut pas nager, mais ses pairs viennent à son aide.
Le dernier rescapé du Batavia est porté haletant sur le rivage de l'île qu'il transformera en enfer.
Jeronimus Cornelisz prend le contrôle
En une semaine, Cornelisz a récupéré et est tout à fait naturellement intégré au conseil. Il note que les soldats qui gardent la tente contenant les armes et les provisions faisaient déjà partie du complot de mutinerie à bord du navire. Il note également que plus de 200 personnes essayent de survivre sur cette bande de terre aride. Une vingtaine des premiers rescapés sont déjà morts, la plupart de déshydratation après avoir bu de l'eau de mer les premiers jours de leur difficile situation. Et beaucoup d'autres sont sérieusement malades.
Jeronimus Cornelisz considère cette situation fâcheuse avec le détachement du psychopathe. On ne peut que spéculer au sujet de son état d'esprit, de son raisonnement et de ses raisons. Cornelisz ne nous le dira jamais.
Mais il y a de vraies fortunes échouées dans les eaux peu profondes du lagon. La compagnie viendra certainement les rechercher. Si Pelsaert réussit à ramener de l'aide, la mutinerie prévue sera sûrement découverte. Et si l'aide est lente à venir, alors une mort redoutable attend ceux qui se sont échoués ici. Qui sait quelles notions deviendront des convictions dans un esprit comme le sien, dans de telles circonstances ?
Jeronimus a déjà commis un crime suffisant pour être pendu. Sa seule chance de salut serait de neutraliser ses sauveteurs et de disparaître avec assez de butin pour s'acheter une sécurité perpétuelle.
La mission est maintenant claire : annexer toutes ces ressources dispersées dans les prochaines semaines, et commander une force de combat capable de saisir le navire de sauvetage s'il arrive. Dans l'esprit effrayant de Cornelius, la mutinerie est transposée à l'Abrolhos. Près des trois-quarts de ceux qui sont ici doivent mourir. Les autres doivent servir Cornelius inconditionnellement. La logique est aussi simple que les implications sont horribles.
Jeronimus est tout sauf maladroit. Aussi longtemps que possible, ses actions devront rester en apparence plausibles et conformes au bien-être des naufragés.
Des radeaux sont construits avec des morceaux de bois dérivant de l'épave, et un groupe comportant la plupart des soldats professionnels est transporté aux îles lointaines, environ six milles au nord-ouest. Sous le commandement de Wiebbe Hayes, ils sont chargés d'allumer des feux s'ils trouvent de l'eau douce. Ils sont laissés sans bateau et sans armes, mais on leur promet des visites fréquentes et ils n'ont alors aucune raison de se méfier. Ils ne savent pas que les acolytes de Jeronimus ont déjà visité ces îles et les ont trouvées arides.
Le fractionnement des membres du conseil entre les diverses îles locales, pour rechercher de l'eau, semble en apparence si raisonnable.
Pieter Jansz, le principal membre du conseil, sa famille et une douzaine d'autres sont retournés sur Traitor's Island. Un autre membre du conseil est transporté, avec une trentaine d'hommes, dont beaucoup sont très jeunes, sur une île à environ deux milles à l'ouest, au-delà du canal en eau profonde. Ils l'appellent Seal Island, parce que des otaries semblent la fréquenter, mais Jeronimus sait déjà qu'elle est aussi déserte que les autres.
Jeronimus Cornelisz doit maintenant trouver un prétexte pour reconstituer le conseil ; il exige une exécution pour un petit chapardage, confessé par son auteur. La punition est clairement disproportionnée. Le chirurgien proteste, et se retrouve alors éjecté du groupe de cette île. Les membres du conseil étant désormais tous absents, partageant un destin semblable, leur remplacement est prévisible : les acolytes de Jeronimus.
Quelques jours plus tard, l'expédition des provisions depuis Batavia's Graveyard vers les autres îles s'arrête brusquement. Jeronimus les oublie pour le moment.
Désormais seul maître de l'île de Batavia's Graveyard, il est temps pour Jeronimus Cornelisz de déclencher une fête plus active.
C'est alors que les massacres vont commencer.
Deux mois d'horreur
Jeronimus a maintenant des lieutenants dévoués, une demi-douzaine d'individus impitoyables, pas aussi intelligent que lui, mais tous convaincus par la logique de leur mission.
Ce sont des officiers subalternes du bateau, des soldats, et même des mousses, déjà profondément impliqués dans le premier complot de mutinerie sur le Batavia. Pour eux aussi, l'arrivée de secours signifiera la mort. Parmi eux, on trouve les cadets Zavenck et van Huyssen, et le caporal des lanciers Pietersz, connu sous le nom de
stounhouwer (stonecutter).
Leurs premières victimes sont les bénéficiaires d'une justice sommaire : trois hommes qui ont peut-être réellement essayé de voler des provisions la première semaine de juillet. Leur exécution n'alarme pas particulièrement les membres de cette communauté engourdie et lasse.
Avec sa bande fidèle de jeunes meurtriers, Cornelisz commence à faire tuer systématiquement tous ceux qu'il pense être des problèmes pour son règne de la terreur ou un fardeau pour leurs ressources limitées.
Deux méthodes sont employées pour ces meurtres :
La première est le massacre de ceux déjà malades, par étranglement ou par étouffement.
La seconde est de simuler l'envoi de provisions sur les autres îles ; une manière particulièrement efficace d'éliminer les adversaires potentiels, volontaires pour cette soit-disant mission d'assistance. Ils sont envoyés à un ou deux dans un radeau, accompagnés d'un nombre légèrement plus grand de mercenaires armés. Personne ne s'attend à leur retour.
Nous sommes le 9 juillet, autour de midi. Le plan ignoble de Jeronimus fonctionne bien. Les détenus faibles et découragés d'un camp de la mort ne sont pas si difficiles à éliminer.
Ces massacres commençaient seulement lorsque Cornelisz et ses hommes notent que la fumée s'élevant de la lointaine "High Island" signifie que les soldats menés par Wiebbe Hayes ont trouvé de l'eau. Ce que Cornelius ne sait pas, c'est que Hayes et ses deux douzaines de soldats avaient été envoyés sur la seule île du groupe qui possède des réserves naturelles d'eau douce ; des réserves très substantielles depuis de récentes pluies. L'île haute elle-même n'a aucune eau mais une autre île toute proche peut être atteinte à pied, l'eau les séparant étant peu profonde. Cette autre île contient l'eau, de nombreux wallabies, beaucoup d'oiseaux et des œufs. Jeronimus Cornelisz avait voulu envoyer les soldats à leur mort, mais à la place, il avait envoyé le seul groupe d'hommes pouvant menacer son régime dans la meilleure île des Abrolhos.
Cornelisz ne réagit pas tout de suite à cette déception. Le moment venu, il décidera probablement de rejoindre l'île de Wiebbe Hayes avec les annexes, de trouver une excuse pour n'avoir pas envoyé de provisions et trouvera bien un nouvel arrangement.
Mais autre chose se produit presque immédiatement. Des bateaux quittent Traitor's island. Pieter Jansz et ses hommes avaient dû les construire avec des morceaux de l'épave du Batavia, et ils se dirigent vers l'île de Hayes.
Jeronimus prend une décision immédiate. Ses hommes sortent dans leurs canots ; ceux-ci ont été construits par des charpentiers expérimentés et ils dépassent facilement le radeau de Pieter Jansz. Hayes et ses hommes ne peuvent rien voir, puisqu'ils sont éloignés de plusieurs milles.
Les naufragés de Batavia's Graveyard sont ainsi témoins du massacre d'une quinzaine de leurs compagnons sans défense.
Désormais, tous (excepté les mutins) craignent pour leur vie. Les jours suivants, une douzaine d'entre eux se déclarent favorables à Jeronimus qui, sceptique, et pour preuve de leur engagement, les oblige à tuer ceux qui restent en dehors de la révolte. Les méthodes deviennent de plus en plus violentes. La nuit, des victimes sont sélectionnées et tuées dans leur tente, à l'aide des épées, des haches ou des poignards que seuls les mutins possèdent.
Les mutins s'enivrent du massacre et du pouvoir total sur les survivants ; personne ne peut plus les arrêter. Ils aiment expérimenter diverses manières de tuer et de faire souffrir, ayant besoin seulement de la plus petite excuse pour assassiner. Les survivants qui avaient été envoyés dans les autres îles sont systématiquement traqués et tués, s'ils ne sont pas déjà morts de soif et de faim. Cornelisz et ses hommes se pavanent autour des îles, portant des vêtements rouge et or, pillés dans les stocks récupérés. Les îles leur appartiennent et ils peuvent y faire ce qu'ils veulent.
En six semaines, à partir de mi-juillet jusqu'à fin août 1629, Jeronimus parvient à son but principal de ramener la population de Batavia's Graveyard à environ 45 personnes. Parmi celles-ci, 31 sont ses défenseurs assermentés, impliqués de leur propre main sous forme de serment écrit, le serment du 20 août. Ils ne peuvent maintenant plus jamais trahir la révolte. La majeure partie des autres sont les femmes survivantes, environ une demi-douzaine, assignées au plaisir des meurtriers. L'une d'elles a été grotesquement mariée à Van Huyssen et Cornelisz a pris la réticente Lucretia comme concubine bien qu'elle ne se soit soumise qu'après des menaces de mort à peine voilées.
Sept hommes ne font pas partie des mutins mais sont tolérés pour leurs qualifications : charpentiers, cuisiniers, etc. Ils sont terrorisés et se doutent qu'ils seront immédiatement abattus si une voile apparaît sur l'horizon.
Les malheureux habitants de Seal Island sont éliminés en trois vagues, en une quinzaine de jours. Ne pouvant se cacher nulle part et sans aucun moyen de défense, ils sont massacrés très rapidement et sans aucune pitié. L'épouse et six des sept enfants du pasteur meurent dans la même nuit, mais l'ecclésiastique est épargné.
Cornelisz empoisonne un nouveau-né, sans autre raison que la perturbation de son sommeil. Mais cela ne le tue pas, et le lendemain, un nouveau venu au serment est contraint de finir le travail en étranglant l'enfant. Un peu plus tard, des complices plus enthousiastes taillent en pièces la mère privée d'enfant.
Tout au long de cette période d'horreur, Jeronimus n'a jamais tué personne lui-même. Mais jamais personne n'a contesté ses ordres de tuer. Certains parce qu'ils sont trop effrayés, d'autres parce qu'ils y trouvent l'assouvissement de leurs propres psychoses.
Zavenck et Hendricxz, en particulier, massacrent maintenant de leur propre chef, et Jeronimus n'approuve ni ne désapprouve ; les événements progressent dans la bonne direction en ce qui le concerne.
En fait, Jeronimus semble alors bien plus intéressé à se pavaner dans son uniforme ridicule avec les bijoux de Pelsaert, en se proclamant de titres absurdes. Il devient de plus en plus hérétique, déclare qu'il est ordonné par Dieu, que le péché n'existe pas et qu'il est indestructible. Jeronimus oscille entre une rationalité pervertie et une réelle folie.
Rien ne peut plus alors le sauver de lui-même.
L'île de Wiebbe Hayes.
De toutes les erreurs de Cornelisz, celle qui lui coûtera le plus cher est son erreur de jugement concernant l'île de Hayes. Lorsque les feux ont signalé la découverte de l'eau douce, il aurait dû tenir compte de cette nouvelle situation, les ressources supérieures et durables de son adversaire ne pouvant que la faire évoluer en faveur de Hayes, et une attaque rapide ou au moins un subterfuge pour le neutraliser devenait impératif. Au lieu de cela, Jeronimus n'a rien fait. Et lorsqu'il se décide à agir, il est trop tard.
Hayes et ses hommes ont trouvé non pas un, mais deux puits sous le corail. L'eau est si abondante qu'il n'est même plus nécessaire de la rationner.
Les mutins ayant préalablement, mais trop rapidement, visité l'île n'y avaient pas vu la faune qu'elle abritait. La viande fraîche, sous forme de wallabies, est tous les jours au menu. Les habitants de cette île-prison sont en bien meilleure forme que leurs gardiens, et perplexes, du moins au début, de ne pas recevoir de réponse à leurs feux triomphants.
Mais maintenant Wiebbe Hayes sait ce qui s'est produit sur Batavia's Graveyard. Son premier soupçon était venu des évadés de Seal Island, des marins qui se sont échappés sur des bois flottants avant l'attaque finale de Cornelius, qui ne s'est pas aperçu qu'il manquait des cadavres.
Pire pour Cornelisz, personne de sa bande ne lui a signalé le vol d'un des canots, car la nuit du meurtre de la famille du pasteur, les mutins ivres et échauffés ont continué en attaquant Aris Jansz, le coiffeur du bateau. Ils l'ont blessé, mais lui ont permis de s'échapper.
Hayes peut à peine croire le récit du coiffeur, mais ses blessures toutes fraîches l'authentifiait.
Les préparations pour la défense de l'île commencèrent aussitôt.
Hayes et ses hommes sont sur une terre élevée, ont des troupes en pleine forme et une force gonflée à plus de 40 hommes par l'inattention des mutins.
Ils n'ont que des armes de fortune, mais une partie de l'épave du Batavia a dérivé et s'est échouée sur les rivages de leur île. Des piques ornés de clous de 16 pouces seront une vue peu accueillante après une lutte d'un demi mille à travers les boues. Les tessons de corail seront des projectiles mortels lancés par des brides et des catapultes de corde.
En Wiebbe Hayes, Cornelisz a finalement un adversaire redoutable.
Le 27 juillet, Cornelisz envoie le cadet Daniel Cornelissen à l'île avec une lettre incitant les soldats à se joindre aux mutins. Le cadet est retenu prisonnier (au moins il ne pourra pas signer le serment du 20 août) et la note remise à Wiebbe.
Quelques jours plus tard vient la première attaque, menée par Jacop Pietersz. Les défenseurs sont plus résistants que prévu et les mutins sont forcés de battre en retraite. Les documents mentionnent des pierres jetées par des catapultes et c'étaient certainement les soldats lorsqu'ils utilisèrent les frondes faites maison semblables à celles qu'ils utilisaient pour le lancement de grenades.
La deuxième attaque vient moins d'une semaine plus tard, avec des mutins s'avérant en pleine forme, et Jeronimus en observateur. Trois radeaux de mutins attaquent le rivage de l'île. Les hommes de Wiebbe avancent profondément dans l'eau et repoussent les mutins. Deux mousquets avaient été apportés mais ils n'ont pas fonctionné.
Si Cornelisz pensait que les hommes de Hayes seraient faibles et sur le point de se rendre, alors il est maintenant fixé.
Le 1er septembre, il envoie en émissaire le pasteur, hésitant et abattu, qui transmet à Hayes des intentions de paix de Cornelisz, qui, en signe de bonne foi, est prêt à offrir du vin et des couvertures en échange d'un petit bateau précédemment apporté à l'île par un évadé.
Le lendemain, Jeronimus passe la matinée à faire la navette avec une vingtaine de ses hommes sur un îlot proche de l'île de Hayes.
Les rivaux sont séparés par environ 400 yards d'eau peu profonde et de vase boueuse. Jusqu'alors, si les actions de Jeronimus ont été empruntes de folie, elles n'ont jamais été stupides. C'est sur le point de changer.
L'après-midi du 2 septembre, Jeronimus et cinq de ses principaux mutins apportent les marchandises promises sur l'île. Parmi eux, Coenraat van Huyssen, David Zeevanck, Gysbert van Welderen, Cornelisz Pietersz et Jacop Pietersz. Néanmoins, ils sont en sous nombre, ce qui n'atténue pas la méfiance de Hayes.
Cornelisz tente alors de persuader un Wiebbe Hayes incrédule de le rejoindre pour partager sa future richesse. Le soldat ordonne immédiatement à ses hommes de se saisir des mutins, mais leurs complices restés sur l'îlot voisin commencent à avancer sur la plage. Ces renforts portent des épées, et Hayes réalise qu'il ne pourra pas à la fois retenir les prisonniers et repousser les renforts.
Lors de sa confession ultérieure, Jeronimus admettra sa stupéfaction lorsqu'il entendit Hayes ordonner la mise à mort. Dans l'agitation qui suit, Jacop Pietersz parvient à s'échapper, et les soldats immobilisent Jeronimus en l'empêchant de crier.
Le flottement et l'attente pesante qui suit sont brusquement cassés lorsque les corps de quatre des hommes les plus craints de l'Abrolhos sont jetés d'un air provoquant dans la vague déferlante.
C'est terminé pour Cornelisz. Hayes consigne son prisonnier dans une fosse. Le leader des mutins, toujours vêtu de sa parure absurde, trône au milieu de mouettes à plumer. A chaque neuvième mouette plumée, on lui permet de la garder et de la manger crue.
De retour sur Batavia's Graveyard, les mutins découragés nomment un nouveau chef. Ils choisissent Wouter Loos, même si Jacop Pietersz était le successeur désigné de Cornelisz.
Le temps passe jusqu'au matin du 17 septembre.
Une nouvelle et dernière attaque sur le bastion de Hayes commence. Loos a mis en service deux mousquets récupérés sur l'épave. Les défenseurs sont coincés, et un des leurs, Jan Dircxsz, est mortellement atteint. Il est la 115 ème personne à être tuée par les mutins, et il fut certainement la dernière.
Les tireurs de Loos s'avèrent être un sérieux problème pour Hayes, lorsqu'il est averti qu'un yacht apparaît à l'horizon.
L'histoire des traîtres
Pendant que la terreur règne dans l'Abrolhos, Jacobsz et Pelsaert entreprenaient leur voyage vers Batavia.
La côte du Nord-Ouest de la future Australie est déserte et basse. Durant de nombreux jours, ils la longent, et trouvent un refuge miraculeux où ils peuvent compléter le niveau de leurs réserves d'eau.
Puis le vent et la mer les poussent rapidement vers le nord. Jacobsz et son maître d'équipage Evertsz excellent dans cette lutte pour diriger les fragiles canots, et, bien que l'un d'eux fut détruit et qu'ils durent s'entasser sur un seul, ils débarquent sur Java le 7 juillet, seulement quelques jours après le reste de la flotte, qui avait tracé une route nord-est à travers l'Océan Indien.
Les 48 membres de leur groupe ont survécu, y compris un jeune bébé, qui a vécu plus de la moitié de sa courte vie en tant que naufragé.
Pelsaert fait incarcérer Jacobsz. Dans les jours qui suivent, Evertsz est pendu pour sa participation dans l'agression de Lucretia van der Meylen, la malheureuse femme que Cornelisz a prise pour concubine sur Batavia's Graveyard.
Pelsaert se retrouve bientôt à bord du SARDAM, un navire rapide que les Hollandais appellent yacht, avec un équipage de 40 personnes.
Il fait alors route vers le sud, avec l'ordre de récupérer l'équipage et les passagers du Batavia, mais également, ce qui est primordial pour ses maîtres de la VOC, la cargaison de bijoux et de pièces d'argent.
La progression du SARDAM est très rapide, mais Pelsaert ignore la position précise des récifs, et il perd de nombreux jours à parcourir les mers trop loin au nord.
Sans cela, le Sardam aurait peut-être surpris Cornelius en plein massacre. Mais à ce moment-là, le Sardam est perdu, environ 50 milles au nord de l'Abrolhos.
Le 16 septembre, le SARDAM aperçoit les îles et se fraie un chemin à travers les récifs.
Et le 17 septembre, soit plus de deux mois après avoir quitté l'épave du Batavia, les hommes placés dans les mâts, à surveiller l'horizon, aperçoivent de la fumée provenant d'une île.
C'est ainsi que le Sardam se dirigea vers l'île de Wiebbe Hayes plutôt que vers celle des mutins.
La fin des mutins
Ce 17 septembre 1629, les hommes de Wiebbe Hayes repoussent de plus en plus difficilement les attaques des mutins lorsque le SARDAM apparaît à l'horizon.
Un feu est immédiatement allumé.
Bien que les mutins équipent aussitôt leurs canots afin de rejoindre les premiers le yacht, c'est vers l'île de Hayes que le Sardam se dirige.
Hayes et certains de ses hommes laissent la bataille et prennent leur canot pour rejoindre le yacht et avertir les sauveteurs de la révolte et des meurtres.
Le commandant du bateau n'est autre que Francisco Pelsaert.
Les mutins se tiennent au loin en désordre, leur triste sort est maintenant inévitable.
Très rapidement, les forces jointes des hommes de Hayes et de ceux du Sardam peuvent rassembler et attacher tous les mutins.
Le châtiment
Il faudra plus de trois mois à Pelsaert pour conduire le sauvetage et le procès.
Le procès qui suivit fut important, et très méticuleusement rapporté dans le propre journal de Pelsaert. Quelques mutins doivent être torturés pour avouer, mais la plupart semblent disposés à raconter aux sauveteurs ce qu'ils avaient fait.
En vertu de la loi hollandaise de l'époque, la torture était autorisée comme moyen d'extraire une confession. Avec l'évidence du carnage, les libérateurs de l'Abrolhos ont peu d'hésitation à recourir à ces méthodes.
A la consternation de Pelsaert, Cornelisz ne montre aucun signe de remord. Il prévoyait une déclaration de culpabilité et une exécution pour aucune autre raison que son intention de voler la toute-puissante compagnie.
Francisco Pelsaert enregistre ces derniers jours de la vie de Jeronimus Cornelisz dans son journal. Jeronimus exige de faire face à une cour dans Java, non pas pour gagner du temps mais plutôt pour jouer son acte final sur une scène plus appropriée.
Pelsaert est trop faible pour faire se rétracter cet hérétique, et semble presque craindre la logique tordue de son prisonnier. Cornelisz n'obtiendra pas ce qu'il désire ; il mourra ici, et très bientôt. Mais Pelsaert ne croira jamais en sa culpabilité, et dans son journal, le pathétique négociant indique finalement son impuissance.
Comment un homme peut-il justifier de tels crimes ? Voici de quelle effrayante manière :
Jeronimus a toujours été un rêveur. Il est par nature un provocateur, un catalyseur. Les actes appartiennent à d'autres, et ce sont les actes, et non leur suggestion, qui déterminent la culpabilité.
Jeronimus croit vraiment que tout ceci est la faute de quelqu'un d'autre. Après tout, il a été douloureusement provoqué. Qui ne s'amuserait pas de quelques pensées morbides au milieu des excès environnants ? Qui n'aimerait pas jouer à Dieu, juste un peu, dans une situation si ridicule ? Jeronimus a simplement tué le temps. Ce sont les autres qui ont tué des personnes.
C'est sur Seal Island que les sentences sont exécutées, en utilisant un échafaudage de fortune construit en partie avec les restes du Batavia. Jeronimus est le premier à être pendu, après avoir eu les mains tranchées.
Malgré les intentions vengeresses de Pelsaert, c'est probablement par pitié. Les potences n'ont pas de trappe, de sorte que la mort par pendaison l'est en fait par étranglement.
La plupart des autres mutins sont également mis à mort. Quelques participants mineurs sont flagellés et suppliciés.
Wooter Loos et Jan Pelgrom sont abandonnés sur le rivage du continent, dans la crique de Wittecarra au sud de quelques milles de Kalbarri, à l'embouchure de Murchison. Tous les deux sont jeunes mais Wooter Loos avait une nature très agressive et aurait été éliminé par les aborigènes. Il a été dit que parce qu'il avait les cheveux rouges, Pelgrom a été accepté par la population indigène et a eu une longue vie en leur compagnie. On n'en a plus jamais entendu parler.
Les premiers hommes blancs appelés à s'établir en Australie ont ainsi été des criminels.
La dernière exécution a lieu le 1er février 1630. C'est celle de Jacop Pietersz, ramené à Java où, pour l'exemple, il est supplicié sur la roue. L'agonie du dernier mutin durera jusqu'à minuit.
Jakobsz n'avouera jamais en dépit de la torture, et aucune preuve n'a pu être trouvée contre lui. Ce qui lui est arrivé n'est cependant pas connu.
Parmi les loyalistes, Hayes est félicité mais Pelsaert mourra moins de deux ans plus tard, envoyé en disgrâce dans une affectation sans avenir par la compagnie irritée, qui l'a jugé partiellement responsable de ce qui s'était produit, en raison de son manque d'autorité.
Cela peut sembler immoral, mais nous disposons de beaucoup plus d'informations sur les mutins que sur les vrais héros de cette histoire. Parmi eux, Wiebbe Hayes de Winnhooten, et deux cadets (enseignes), Otter Smit et Albert Janz.
Wiebbe sera promu sergent (et plus tard lieutenant) et les deux autres caporaux, avec une substantielle augmentation de salaire.
Lucretia van der Meylen, la jeune femme molestée par Evertsz et plus tard violée par Cornelius, leur survivra à tous.
Des 341 personnes ayant embarqué à bord du Batavia, seules 68 sont parvenues à destination, dans la ville de Batavia.
Liste des mutins
Parmi les mutins se trouvaient certains des hommes les plus puissants à bord du BATAVIA. Pour qu'une révolte puisse réussir, elle doit inclure non seulement les hommes qui peuvent contrôler le bateau, mais également, et c'est primordial, le diriger.
Dans le cas du BATAVIA, non seulement le capitaine était impliqué dans le complot, mais aussi plusieurs des cadets. Si le bateau n'avait pas fait naufrage, la révolte aurait sans aucun doute réussie.
- Jeronimus Cornelisz : Apothicaire de Haarlem. Le représentant de la Compagnie le plus gradé après le capitaine et Pelsaert. Meneur de la mutinerie. Il a été capturé par les hommes de Wiebbe Haye et a été pendu sur Seal Island, le matin du 2 octobre, après avoir eu les deux mains coupées.
- Coenraat van Huyssen : Cadet et dernier conseiller de Cornelisz. L'un des principaux mutins et "marié" à la fille du pasteur, Judith. Il a été tué par les hommes de Wiebbe Haye le 2 septembre.
- Davidt Zeevanck : Assistant et l'un des derniers conseillers de Cornelisz. L'un des principaux mutins. Il a été tué par les hommes de Wiebbe Haye le 2 septembre.
- Jacop Pietersz : Caporal des lanciers et l'un des derniers conseillers de Cornelisz. Il a participé au massacre de la famille du pasteur. A mené les deux premières attaques contre Wiebbe Haye. Il a été capturé mais s'est échappé lorsque les autres ont été tués le 2 septembre. Il a été ramené à Batavia, où il a été convaincu de mutinerie et supplicié sur la roue.
- Gysbert Bastiaensz : Pasteur dont la femme, ses trois fils et deux de ses filles ont été tués par les mutins. Il a très certainement signé le serment du 20 août pour sauver sa vie et celle de sa fille Judith. Après la capture de Cornelisz, il rejoignit les hommes de Wiebbe qui le traitèrent bien.
- Lenert Michielsz : Cadet. Agé d'environ 21 ans, a tué ou aidé à tuer 12 personnes. Prit Annie Bosschietsters (femme de Jan Castersz) comme concubine. Meurtrier de Andries de Vries. A participé au massacre de la famille du pasteur et aux meurtres de Passchier van der Enden, Jacop Heyndricksz et d'un malade. Il a eu la main droite coupée avant d'être pendu le 2 octobre.
- Mattys Beer : Soldat. Agé d'environ 21 ans, il a confessé avoir tué ou aidé à tuer 9 personnes et a pris une femme mariée (Susan Fredericks) comme concubine. A décapité Coen Aldertsz pour tester le tranchant de son arme. Il a eu la main droite coupée avant d'être pendu le 2 octobre.
- Jan Hendricx : Soldat. Agé de 24 ans, il a confessé avoir tué ou aidé à tué 17 ou 18 personnes. Connu pour avoir tué Denys et Stoffel Stoffelsz. A participé au meurtre d'Andries de Vries, de Van der Enden, de Jacop Heyndricksz, d'un malade et au massacre de la famille du pasteur. Il a eu la main droite coupée avant d'être pendu le 2 octobre.
- Allert Jansz : Tireur-mousquetier. Agé de 24 ans, il a confessé le meurtre d'Andries de Bruyn, a participé à celui de Jan Pinten (un anglais) et a tenté de tuer Jansz, l'assistant du coiffeur, mais son épée émoussée lui a seulement entaillé l'épaule et il s'est enfui sur l'île de Wiebbe Hayes. Il a eu la main droite coupée avant d'être pendu le 2 octobre.
- Rutger Fredericxsz : Serrurier. Agé de 23 ans, il a confessé avoir aidé à noyer Jacob Groenewal. Il a noyé Paulus Barenttsz avant de tuer Claes Harmansz. A participé au meurtre d'Andries de Vries. Il a été pendu le 2 octobre.
- Jan Pelgrom de Bye : Mousse. Agé de 18 ans. A assassiné un garçon sur Seal Island. A participé au meurtre de Janneken Gijssen et Andries Jansz. A insisté pour être autorisé à décapiter Coen Aldertsz, honneur qui revint à Mattys Beer. S'est mal conduit envers des femmes mariées (Susan et Catherine Fredericks, et Annie Bosschietsters). A été condamné à être pendu, mais après avoir imploré pitié, il a été abandonné sur le continent.
- Andries Jonas : Soldat. Agé d'environ 40 ans, a confessé avoir égorgé Paulus Barentsz alors qu'il se noyait. Il a égorgé la femme enceinte May Soets et a participé aux meurtres de Jannie Gist et Jan van Hummel. A participé au massacre de la famille du pasteur. Il a été pendu le 2 octobre.
- Wouter Loos : Soldat. A participé au massacre de la famille du pasteur et a pris la tête des mutins après la capture de Jeronimus. Il devait être ramené à Batavia pour y pousser son interrogatoire, mais sa gentillesse envers Judith et Lucrecia incita Pelsaert à l'abandonner avec Pelgrom sur la côte australienne.
- Jacop Heylwech : Cadet. Egalement appelé Hans Jacobsz. A été ramené à Batavia pour y pousser son interrogatoire, où il a été exécuté.
- Daniel Cornelissen : Cadet. A porté un message à Wiebbe Hayes et a été fait prisonnier. Il a été ramené à Batavia pour y pousser son interrogatoire, où il a été exécuté après avoir eu la main droite coupée.
- Andries Liebent : Cadet. A participé au massacre de la famille du pasteur. Il a été ramené à Batavia pour y pousser son interrogatoire.
- Hans Frederick : Soldat. Il a été ramené à Batavia pour y pousser son interrogatoire.
- Jeurian Jansz : marin. Peut-être également appelé Cornelisz Janz. Selon Jeronimus, Jansz était l'un des moins coupables des mutins. Il a été ramené à Batavia pour y pousser son interrogatoire.
- Jan Selyns : Tonnelier. Selon Jeronimus, Jansz était l'un des moins coupables des mutins. Il a été ramené à Batavia pour y pousser son interrogatoire.
- Rogier Decker : A tué Hendrick Janz après que Jeronimus lui ait donné du vin et un poignard. Il a été ramené à Batavia pour y pousser son interrogatoire, où il a été fouetté et exécuté.
- Gysbert van Welderen : Cadet. A été tué sur l'île de Wiebbe Hayes le 2 septembre.
- Cornelis Pietersz of Utrech : Soldat. A égorgé Hendrick Claesz devant Jeronimus. A été tué sur l'île de Wiebbe Hayes le 2 septembre.
- Salomon Deschamps : Commerçant. A étranglé le bébé empoisonné par Jeronimus. Il a subit trois fois le supplice de la grande cale, et a reçu 100 coups de fouet durant le voyage de retour à Batavia où il a alors été exécuté.
- Lucas Gillisz : Cadet. Accusé par Jeronimus d'avoir participé au meurtre de Passchier van der Enden, Jacop Hendricksz et d'un malade. Lucas clamera que Jan Hendricks était le meurtrier. Il a été exécuté à Batavia.
- Abraham Gerritsz : Exécuté ou fouetté à Batavia.
- Jaques Pilman : Soldat. Selon Jeronimus, l'un des moins coupables des mutins.
- Abraham Jansz : Tireur-mousquetier. Selon Jeronimus, l'un des moins coupables des mutins.
- Reynder Hendricx : Régisseur. Selon Jeronimus, l'un des moins coupables des mutins.
- Hans Hardens : Soldat.
- Olivier van Welderen : Cadet.
- Isbrant Isbrantsz : Assistant.
- Jan Egbertsz : Charpentier.
- Hendrick Jaspersz : Soldat.
- Jellis Phillipsen : Soldat.
- Tweis Jansz : Charpentier.
- Gerrit Hass : Marin.
- Claas Harmansz : Jeune.
- Gerrit Willemsz : Marin.
Bibliographie
- Le commandant Pelsaert est mort moins de deux ans après le naufrage, laissant son journal des événements. Ce journal, Ongeluckige voyagie van 't schip Batavia (Le malheureux voyage du vaisseau Batavia) fut publier en 1647.
- Le journaliste Hugh Edwards a publié en 1966 un compte-rendu du naufrage et de la redécouverte de l'épave par Dave Johnson, Max et Gerard Cramer et Greg Allen, sous le nom de Island of Angry Ghosts : Murder, Mayhem and Mutiny .
- Drake-Brockman, H. Voyage to disaster. Sydney, 1963.
- Wilson, S.J. Doits to Ducatoons. The Coins of the Dutch East India Company Ship Batavia Lost on the Western Australian Coast 1629. Perth, 1989
- Godard, Philippe. The first and last voyage of the Batavia. Perth, 1993
- Roeper, Vibeke, Parthesius, Robert, Wagenaar, Lodewijk. De Batavia te Water. Amsterdam, 1995
- Green, Jeremy N. The VOC ship Batavia wrecked in 1629 on the Houtman Abrolhos, Western Australia . IJNA, 1975
- Le roman The Company, publié en 2000 par Arabella Edge, est également basé sur les événements de 1629.
- L'historien Mike Dash à publié en 2002 Batavia's Graveyard : The True Story of the Mad Heretic Who Led History's Bloodiest Mutiny, qui raconte l'histoire entière avec plus de détails que jamais auparavant. Il a effectué de profondes recherches dans les archives hollandaises pour explorer la vie de Cornelisz et de nombreux autres passagers et membres d'équipage du Batavia.
- L'histoire du Batavia a également été réécrite sous la forme d'un opéra à succès, simplement nommé Batavia, composé par Richard Mills, dont la première représentation a été donnée par la compagnie Opera Australia, à Sydney, en 2001.
- Le livre de Deborah Lisson The Devil's Own est également basé sur la mutinerie et les massacres du Batavia. Ce livre a remporté le Western Australian Premier's Award en 1991.